Le mot d'introduction
La fin de l’année arrive à grands pas et c’est déjà l’heure des bilans.
Cette année encore, l’équipe d’animations de TDV s’est mobilisée pour promouvoir la dataViz et vous proposer de nombreuses rencontres en salle avec des retransmissions en direct.
Huit rencontres incluant six meetup, la participation à la mêlée numérique auprès d’un public élargi et bien sur notre “toujours très apprécié” concours Hackaviz.
Ce sont aussi des interventions de sensibilisation à la dataviz dans les entreprises et les établissements scolaires où nous avons toujours un grand plaisir à rencontrer un public plus jeune de collégiens.
Enfin, six newsletters diffusées pour partager l’actualité de la dataviz.
Bravo donc à toute l’équipe de TDV et bonnes fêtes à tous.
Meetup Toulouse DataViz avec Christophe Regouby
Le 15 décembre 2022 à 19h à l’Etincelle Carmes
Quarto - le nouvel outil pour créer vos dataviz
Qui n’a pas rêvé de scrapper un site web avec Python, de mettre en forme les valeurs extraites avec R, puis d’en faire un graphique interactif en Observable. Après 10 ans d’amélioration de R Markdown, l’équipe de Posit (ex RStudio) créé Quarto, un notebook open-source qui sublime le R Markdown, exécute du code en 4 langages (Python, R, Julia et Observable), permet une dizaine de formats de sortie à travers Pandoc et la publication en ligne vers 3 plateformes. Enfin, l’effort pour se l’approprier ne dépasse pas 2 minutes (surtout après ce meetup).
Ne manquez pas ce meetup pour gagner du temps sur votre prochain projet de dataviz !
S'inscrire ici.
Mais qui décode les décodeurs du monde ?
Voici un graphique qui provient d’une nouvelle rubrique proposée par le journal le Monde : “En un graphique”. Certains graphiques de cette rubrique sont bien construits et informatifs, mais d’autres cachent des perles insoupçonnées. Venant des Décodeurs du Monde, nous avons été surpris.
La déforestation a été un des principaux thèmes évoqué à l’occasion des élections présidentielles brésiliennes. Lula promet de réduire la déforestation relancée par le président Bolsonaro. L’intention de l’auteure des Décodeurs du monde est louable : montrer les différents scénarios proposés par les candidats, avec d’un côté le méchant Bolsonaro qui va continuer à transformer l’Amazonie en un vaste champ de soja, et de l’autre les promesses du gentil Lula qui préserverait la forêt.
Le graphique présenté essaie à la fois d’expliquer la situation passée et donner un aperçu du futur, mais cette forêt de barres multicolores et de légendes étranges, nous a perdu.
Les Décodeurs ont repris le graphe de Carbon Brief, un site d’information britannique consacré au réchauffement climatique qui s’est inspiré du graphe de TerraBrasilis, une plateforme proposée par l’agence spatiale brésilienne. Des transformations malheureuses ont été faites au fur et à mesure de ces reprises.
Carbon Brief a choisi d’associer une couleur à chaque présidente et président - mais, pourquoi donc Dilma Roussef s’est retrouvée en gris ? Une intention de l’auteur pour dénoncer une accélération de la déforestation sous sa présidence ? Ces nuances de gris apportent de la confusion : à quelles couleurs politiques se rattachent-elles ? Est-ce la palette par défaut de HighCharts ? Les décodeurs ont repris ce choix malheureux de couleurs.
L’intitulé de l’axe vertical a été traduit en “surface de forêt”, ce qui prête à confusion. Cet axe correspond non pas à la surface totale de forêt, mais à la surface de forêt détruite pour être convertie à d’autres utilisations.
Pendant le mandat de Lula, la surface déforestée a atteint son pire niveau puis a radicalement baissé pour finalement atteindre -70% la première partie de son mandat (2004 - 2005). Durant le mandat de Bolsonaro, la déforestation est repartie à la hausse et a augmenté de +70% (2020 - 2021). Les flèches sont donc mal positionnées.
Cette utilisation des pourcentages est troublante : -70% d’un côté et +70% de l’autre semble suggérer que le niveau de déforestation est revenu à son niveau initial, ce qui est bien sûr faux. La déforestation en 2021 est deux fois moindre qu’en 2004. Ne serait-il pas plus juste de comparer la moyenne de déforestation annuelle sur la période des mandats ?
La déforestation avant Lula se faisait à une vitesse moyenne de 17 000 km² par an entre 1988 et 2002. C’est l’équivalent d’une fois et demie la région Île-de-France (12 000 km²) qui disparaissait chaque année. Or, même après l’arrivée de Lula en 2003, cette disparation a lieu peu ou prou, tous les deux ans.
Enfin, les futurs engagements des deux candidats, exprimés sous forme d’un graphique en ligne par Carbon Brief a été rapporté maladroitement sur le graphique du monde sous forme de barres superposées peu lisibles.
Les décodeurs ont donc regroupé deux graphiques difficilement conciliables en ajoutant des légendes qui n’aident pas à la compréhension du message. À trop vouloir bien faire…
En bonus, le tweet de Carbon Brief avec un titre racoleur et de jolies courbes tout en interpolation.
Dataviz dans les médias
En octobre 2018, la page Twitter officielle du premier parti politique du monde, le BJP indien (Bharatiya Janata Party), au pouvoir en Inde depuis 2014, a publié un graphique controversé.
Le graphique présente l’évolution du prix de l’essence à la pompe en Inde sur la période 2004-2018. Il met l’accent sur l’efficacité du gouvernement du BJP à maîtriser l’inflation des prix à partir de 2014, par rapport à son prédécesseur de la période 2004-2014.
Le graphique publié présente un défaut principal : les barres verticales, censées indiquer le prix de l’essence, sont fausses : la barre de 80,73 apparait plus petite que la barre de 71,41. Le parti veut volontairement créer l’impression d’une baisse.
Par conséquent, les flèches mesurant le taux de croissance relatif entre deux barres successives deviennent trompeuses. Ainsi, le passage de 71,41 à 80,73, représentant une variation relative de 13 %, est représenté par une flèche qui descend vers le bas au lieu d’une flèche vers le haut : encore une fois, on essaie de créer une fausse impression de maîtrise de l’inflation.
La page Twitter du parti indien d’opposition, le INC (Indian National Congress) a proposé une rectification de ce graphique trompeur en corrigeant les tailles des barres, mais également en intégrant l’évolution du cours du pétrole au marché mondial sur la même période (les barres bleues). On y démontre que malgré la baisse du cours du pétrole de 34 % entre 2014 et 2018 (la flèche rouge sur le graphique), le prix de l’essence à la pompe en Inde a augmenté de 13 %, prouvant l’incompétence du gouvernement BJP.
Toujours pas satisfait de la rectification proposée, nous avons décidé de nous retrousser les manches et de proposer notre version de ce graphique.
Ces éléments ont été rajoutés :
- Arrondir les chiffres de chaque barre afin d’alléger le graphique.
- Ajouter une légende avec un code couleur, mais aussi un symbole différent par catégorie : un baril de pétrole et une pompe à essence.
- Harmoniser la largeur des barres, mais également les couleurs en supprimant la barre initialement représentée en jaune.
- Supprimer la photo “sensationnelle” affichant un premier ministre indien confiant (premier graphique) ou en difficulté (deuxième graphique).
- Garder que les flèches qui nous intéressent pour ne pas surcharger le graphique : que l’évolution de 2014 à 2018.
- Ajouter directement sur le graphique l’histoire que l'on veut raconter.
COP27 : À qui rejeter la responsabilité de nos émissions CO₂ ?
La semaine de la dernière COP à Charm el-Cheikh nous a permis de voir défiler sur plusieurs sites et réseaux sociaux plusieurs dataviz démontrant la responsabilité historique de certains pays dans le réchauffement climatique à travers leurs émissions de CO₂.
D’ailleurs, le 13 novembre dernier, lors d’une vidéo sur sa page Instagram, Emmanuel Macron a utilisé un graphe pour répondre à la question d’un internaute. La dataviz présentée minimise le rôle historique de la France dans les émissions de CO₂ et présente quelques défauts : un excellent article de l’AFP a été consacré pour critiquer cette dataviz sur ce lien.
Ici, nous voulons vous parler d’une autre visualisation simple et impactante réalisée par Francesco Muzzi et publiée sur le site du New Yorker dans cet article. En regardant les émissions historiques cumulées de tous les pays, on trouve que 4 pays seulement représentent 50 % des émissions (USA, Chine, Russie et Allemagne). Les données ne sont pas représentées dans un camembert, mais plutôt dans un diagramme en aires. On y voit surtout les 13 premiers contributeurs (la France est classée 8ᵉ). Le graphique n’est pas saturé d’informations et utilise judicieusement les couleurs pour mettre l’accent sur les 4 pays les plus importants.
L'actualité de l'Open Data
Not’ président de Toulouse DataViz a l’habitude de se balader sur data.gouv.fr à la recherche de nouveaux jeux de données. Depuis l’année dernière, le site a eu droit une refonte graphique, un nouveau moteur de recherche. Les actualités sont mises en avant et sont classées selon leur thème : jeux de données, nouvelle fonctionnalité. L’Etalab publie un suivi des sorties qui est un florilège des meilleures réutilisations et les jeux de donnes.
Retrouvez le site ici :
Le cœur du site data.gouv.fr sont réutilisés dans d’autres pays et est disponible en licence GNU Affero General Public License v3.0 sur GitHub.
Livres, E-learning et MOOCs
Hand drawing graphics by martina
Plusieurs lectures en cours - à suivre